Les Lichonneux de laTarte Tatin
Les gardiens vigilants
L'esprit, les lois, les membres.
Quelques Lamottois de naissance ou de cœur, se sont lassés de voir souvent servir sous le nom attirant de Tarte TATIN de très ordinaires tartes aux pommes ou autres fruits ; Las aussi, de voir attribuer à la Tarte TATIN des origines diverses comme s’il était impossible qu’une si délicieuse trouvaille ait pu se faire à Lamotte-Beuvron, chef-lieu de canton au nom d'opérette de la pauvre Sologne, se sont regroupés pour défendre et promouvoir la consommation de la " véritable Tarte TATIN ".
Ils ont choisi le nom de LICHONNEUX, (terme provenant du patois régional) celui qui aime, qui liche et se sont constitués en Confrérie Gastronomique gourmande.
La Confrérie des Lichonneux de Tarte TATIN de Lamotte-Beuvron, (appellation exacte) tient chaque année, son Grand Chapitre où elle reçoit ceux et celles qui veulent goûter, apprécier et défendre la véritable Tarte TATIN. Elle se rend en France et à l'étranger, aux Chapitres des autres Confréries Gastronomiques et Vineuses.
Elle participe à toutes manifestations et salons gastronomiques notables, félicite et encourage ceux qui maintiennent la recette originelle, et critique les hérétiques. La tenue des Lichonneux évoque le costume traditionnel de fête des paysans de jadis.
LES BUTS DE LA CONFRERIE
Quelle soit née d’une distraction géniale ou d’une réflexion raffinée, la Tarte TATIN est aujourd'hui mondialement connue et appréciée, mais malheureusement trop souvent trahie. La mission des membres de la Confrérie est de faire respecter la recette traditionnelle du fameux dessert des Demoiselles TATIN
L’article II des statuts de la Confrérie, association régie par la loi du 1er juillet 1901, enregistrée au journal officiel le 27 mars 1979, stipule les 4 objectifs suivants:
Promouvoir la tarte chaude et renversée dite ' Tarte TATIN ' fleuron de l'art culinaire, originaire de Lamotte-Beuvron.
- Veiller à sa valeur culinaire et à son mode de fabrication.
- Encourager sa consommation.
- Attirer un nombre croissant d'amateurs de Tarte TATIN à Lamotte-Beuvron dont ils pourront connaître et apprécier le site, le passé historique et le plaisir d'y vivre.
C'est avec un grand dévouement que les Lichonneux s'acquittent de ces tâches, et œuvrent avec beaucoup de ferveur, afin de combattre les malfaçons et autres abus culinaires, qu'il est fait avec ce noble nom de Tarte TATIN.
Toutes les occasions, que sont les foires, fêtes, salons ou rencontres gastronomiques, sont prétextes pour rappeler, et rappeler encore, la recette originale de ce savoureux dessert, et faire sa promotion par ces Chevalier-compagnons de la Confrérie, infatigables défenseurs de ce patrimoine culinaire à travers les générations et les pays
LES 10 COMMANDEMENTS
En entrant dans la Confrérie des Lichonneux de Tarte TATIN, un membre prend l'engagement solennel, devant l’assemblée de suivre à la lettre les commandements suivants :
1. Tu aimeras la Tarte TATIN de tout ton cœur et de toute ton âme !
2. Tu honoreras Stéphanie et Caroline comme les mères de ce monde!
3. Tu te souviendras du jour du Chapitre !
4. Tu ne le manqueras point !
5. Tu défendras la qualité de la Tarte TATIN !
6. Tu combattras les malfaçons !
7. Tu interdiras les ajouts de produits qui masquent son authenticité !
8. Tu vénéreras LAMOTTE-BEUVRON !
9. Tu y viendras en pèlerinage et y amèneras tes amis !
10. Tu chanteras de par le monde les louanges de la Tarte TATIN
LA TENUE
La tenue des Lichonneux évoque le costume traditionnel de fête des paysans de jadis; Biaude (Blouse) bleue, Foulard rouge, Chapeau noir? Pantalon noir et chaussure noires ou éventuellement sabots.
Tout véritable amateur de la Tarte de Demoiselle Tatin peut être intronisé et recevra une médaille et un diplôme.
NAISSANCE DE LA TARTE TATIN
Il était une fois, au tournant du siècle (XIXème), deux demoiselles, Stéphanie et Caroline TATIN, nées à Lamotte Beuvron dans le Loir-et-Cher, respectivement les 27 Mai 1838 et 7 Mars 1847.
Filles de Jean et Aimée TATIN, elles descendent d'une longue lignée Lamottoise puisqu'un de leur ancêtre, Louis, fût au milieu du XVIIIème siècle, boulanger dans cette ville. Ce sont les parents Jean et Aimée qui ouvriront le premier établissement hôtelier, face à "l'embarcadère" des chemins de fer du Centre, sous le nom d'Hôtel de la Gare. C'est cet établissement qui deviendra ensuite l'hôtel du Pin d'or puis l'hôtel Tatin. Il existe encore aujourd'hui. Les demoiselles Tatin dirigeront l'hôtel de 1860 à 1906.
Après le décès de leur père en 1888, les deux sœurs Tatin reprirent l'hôtel familial à Lamotte Beuvron. L'aînée, Stéphanie, s'occupait de la cuisine. On lui doit la fameuse tarte qui porte son nom. La plus jeune, Caroline, recevait la clientèle. A cette époque, les chasseurs de la capitale constituaient le gros des habitués. La tendre Caroline choyait chaque pensionnaire et certains grands industriels n'hésitaient pas à lui demander conseils en affaire. Cette petite cour qui venait toutes les fins de semaine en Sologne, avait affectueusement surnommé Caroline Tatin la "Petite princesse de Sologne".
Comme le fait remarquer Henri Delétang dans la revue "La Sologne et son Passé N° 27 ", l'hôtel Tatin est d'une certaine importance, si l'on en juge au stock de linge répertorié : 100 paires de drap, 600 serviettes, 300 torchons, 100 tabliers, etc., et les dix véhicules attachés à la maison: Omnibus, charrette cabriolet…tirés par des chevaux. En 1901 le personnel est évalué à 7 personnes. En 1906, ce nombre passe à 13, signe que cela ne marchait pas trop mal pour les sœurs.
L'hôtel Tatin aura d'ailleurs l'honneur de figurer dans le premier guide Michelin édité en 1900.
Donc les chasseurs, gourmet avertis s'il en est, semblaient bougrement apprécier les saveurs et les inventions de la cuisine des demoiselles Tatin.
On comprend mieux comment la légende de la Tarte Tatin prend corps dans cette effervescence Un beau jour, retardé par le bavardage d'un client empressé, Caroline, reconnue pour sa beauté et son élégance, ou plutôt Stéphanie, Fanny pour les intimes, d'un caractère plus joyeux, plus affable, fin cordon-bleu, sa cuisine dite de terroir est appréciée, arrive en cuisine, essoufflée, les joues roses, en plein coup de feu, constate affolés l'absence de dessert, l'Histoire est en Marche………………
La tarte est préparée à toute vitesse, avec une dextérité incomparable comme à l'habitude, mais dans la précipitation, l'émoi, elle est posée carrément à l'envers dans le plat de cuisson. Ne pouvant reculer, les sœurs servent ce dessert. Les commentaires et les compliments qui suivent annoncèrent la réussite de ce délicieux gâteau.
LA TARTE TATIN ÉTAIT NÉE !!!
La fameuse Tarte Tatin ne serait donc pas née d'une erreur, d'un affolement mais d'un trait de génie, inspiré par la gourmandise d'une grande cuisinière certes, mais trait de génie tout de même si l'on en juge à sa célébrité.
Distraction géniale ou art culinaire consommé, la Tarte Tatin des demoiselles Tatin emporta l'approbation des gourmets. Le grand gastronome Maurice Edmond SAILLAND dit "CURNONSKY", à Lamotte Beuvron même, chez Charles BROS, à l'hôtel de la Cloche, l'ayant goûtée, lui donna, avec ses lettres de noblesse, son passeport gastronomique mondial dans son ouvrage paru en 1926 et consacré à l'Orléanais.
En effet, la Tarte Tatin est célèbre aujourd'hui. Non seulement à Lamotte Beuvron, en Sologne, en France entière, mais aussi à Osaka, Montréal, Londres, New York, Pékin.
A Paris, le très célèbre Maxim's, Rue Royale, en fait, depuis pratiquement plus d'un siècle une spécialité. On la trouve encore de nos jours sur sa carte.
Louis VAUDABLE, propriétaire de Maxim's au début du XXème siècle l'aurait découvert lors d'un dîner de chasse dans l'auberge des sœurs Tatin. La trouvant si moelleuse et si suave. Il en demanda aussitôt la recette. Quelle audace, cher Monsieur, celle-ci lui fut refusée. Il envoya alors à Lamotte Beuvron, chez les sœurs Tatin, un de ses pâtissiers qui se fit passer pour un jardinier cherchant de l'embauche…. C'est ainsi qu'il découvrit le secret et le rapporta à Paris. Copieurs, mais honnêtes les Vaudable baptisèrent "Tarte des demoiselles Tatin" cette goûteuse gourmandise. Louis Vaudable; quant à lui, affirma qu'il s'était fait personnellement embaucher comme jardinier et qu'il se fit virer au bout de trois jours, n'ayant pas la main verte mais ayant pris soin de se procurer la recette tant convoitée.
Le 2 mai 1911, Caroline, âgée de 64 ans, décède à Lamotte Beuvron et le 14 Juillet 1917, à
l'âge de 79 ans, Fanny quitte à son tour le monde des vivants dans cette même ville. Elles ont laissé à la postérité l'un des plus célèbres desserts de notre planète et un fleuron de la gastronomie française.
La suite est a venir ...